
My Future, Our Society : sur l'aliénation politique et l'action collective des jeunes
Seuls 16% des jeunes adultes croient qu'ils peuvent compter sur le système politique pour résoudre leurs problèmes ou réaliser leurs rêves. Ils comptent essentiellement sur eux-mêmes, leur famille et un peu de chance. La politique perd cependant tout son sens si les gens n'ont pas conscience du fait qu'un bon emploi, une habitation confortable, un quartier agréable, des rues sûres, de bons soins lorsqu'on est malade... sont très étroitement liés à des conditions collectives.
C'est pourquoi la Fondation P&V a lancé en 2016 My Future, Our Society, un projet pluriannuel visant à réconcilier les jeunes avec l'engagement social et le système politique en au sens large.
Huit lauréats
La première phase était un appel à des organisations au sens large, qui travaillent avec et pour les jeunes. Des organisations qui, volontairement et collectivement, voulaient mettre sur pied un projet afin de trouver une solution à un problème auquel des jeunes sont confrontés. Ceci dans les domaines du travail, de la santé, de l'habitat, de la mobilité, de l'enseignement, etc.
La Fondation P&V a reçu 137 candidatures à la date limite d'octobre 2016. Un jury d'experts a sélectionné huit lauréats qui ont reçu une bourse et ont fait l'objet d'un suivi pendant un an et demi. Quatre projets viennent de Flandre (J100, Cachet, EW32 et Vrienden van de Put), deux de Bruxelles (Scouts des Marolles et Ades) et deux autres de Wallonie (Couleur Café asbl et Maison de Jeunes de Jalhay-Sart). Depuis le début de My Future, Our Society, la Fondation P&V a organisé différents débats et conférences, et a fait des progrès dans toutes sortes de domaines.
Le 8 mai, l'événement de clôture de ce projet a eu lieu à BOZAR à Bruxelles. Les organisations participantes y ont présenté leurs résultats à un public de chercheurs, d'experts, de travailleurs de terrain, de jeunes ainsi que d'hommes et femmes politiques.
Curieux de découvrir les réalisations de ces projets uniques ? Regardez les vidéos des huit lauréats sur le canal YouTube de la Fondation P&V.
La 20e commune bruxelloise
Lors de l'événement, quatre intervenants ont partagé leurs expériences en matière d'action collective.
Pepijn Kennis a raconté le récit de Toestand. Cette ASBL s'efforce de donner un usage temporaire aux immeubles vides à Bruxelles. « Il y a 6,5 millions de m² de surfaces vides à Bruxelles, soit la taille de la commune d'Ixelles. En collaboration avec les jeunes, nous essayons de donner à cette "20e commune bruxelloise" un usage temporaire qui profitera à la société ».
L'aménagement de l'espace public était un thème également abordé par Victoria Anderica, qui a proposé la plateforme en ligne Decide Madrid. Sur ce site Internet, les citoyens de la capitale espagnole peuvent participer à la prise de décisions concernant les projets de leur ville, comme l'aménagement (ou le réaménagement) d'une place publique, par exemple. Ils peuvent faire leurs propres propositions et voter pour les propositions des autres citoyens. La plateforme compte 455 000 utilisateurs, qui ont déjà décidé de 850 projets.
Julie Foulon s'est penchée sur les défis rencontrés à Molenbeek et sur ses initiatives MolenGeek et Girleek, grâce auxquelles elle souhaite réduire le fossé entre les jeunes locaux et le monde informatique. Les jeunes y apprennent à programmer pendant une formation gratuite de 6 mois. La seule contrepartie est que cette formation implique quatre heures de travaux d'intérêt général par semaine. Julie œuvre pour plus de diversité et plus de filles dans le monde technologique belge. MolenGeek et Girleek offrent également un espace de coworking ouvert 24 heures sur 24, où les nouvelles start-ups peuvent se développer.
Michel Pradolini, lauréat du Prix de la Citoyenneté, s'est exprimé sur le projet social de son club de football anversois City Pirates. Soutien scolaire pour les jeunes joueurs, visites à domicile chez les parents en difficulté, travailleurs sociaux orientant les familles vers l'aide appropriée, contacts avec les écoles et autres institutions sociales... Toutes ces aides sont proposées par ce club où tout ne tourne pas seulement autour du ballon. « Dans notre survêtement City Pirates, nous sommes plus facilement accessibles qu'un assistant social officiel avec un dossier sous le bras. » Les pirates ont également donné un workshop avec le Kraainem Football Club, un club tout aussi engagé sur le plan social, qui bénéficie également du soutien de la Fondation P&V.
Les scientifiques ont le dernier mot
L'événement s'est terminé par un débat de professeurs étrangers. Gary Pollock (Manchester Metropolitan University), Anne Muxel (Sciences Po Paris) et Jacquelien van Stekelenburg (Vrije Universiteit Amsterdam) ont présenté leurs recherches sur les moyens de relancer l'action collective chez les jeunes. Le débat était modéré par les journalistes Han Renard de Knack et Béatrice Delvaux du quotidien Le Soir.
Entre les workshops et les débats, les visiteurs ont également eu l'occasion de visiter l'exposition Next Generation Please, qui se tient encore à Bozar jusqu'au 28 juillet. La Fondation P&V est partenaire de cette exposition.
La journée s’est clôturée en beauté par des performances artistiques, notamment celle de Hind Eljadid, l'artiste de « spoken word », qui a commencé sa carrière avec l'organisation « Jes en de Troubadours », le collectif d'artistes issu de Cachet.
En somme, ce fut une journée intense qui a permis aux travailleurs et aux organisations de terrain de nouer de nombreux contacts.
En route vers un nouveau projet pluriannuel
Entre-temps, la Fondation P&V a commencé la préparation d'un nouveau projet : Connecting You(th). L'objectif est de réduire les clivages entre les groupes de jeunes. Les hauts diplômés et les moins diplômés, de même que les étudiants du général et ceux des filières professionnelles, ont rarement l'occasion de se rencontrer. Ils vivent dans des quartiers différents, fréquentent des clubs sportifs différents, ne se côtoient pas sur les réseaux sociaux... Comment pouvons-nous combler ce fossé ?
Comme toujours, le projet commencera par une phase scientifique. La Fondation a déjà fait appel à des scientifiques pour compiler des données sur ce thème.
Vous voulez en savoir plus sur ce projet de rapprochement ? Jetez un coup d'œil au site web de la Fondation P&V.